mercredi 19 décembre 2012

KOH CHANG le retour

04 au 09 décembre : Et on remet le bikini !

"Sa Majesté du Sud-Est, accompagnée de son orchestre, joue a l'uniformité de par sa nature modeste, vêtue de jaune, son peuple lui suggère sa jeunesse" Luang Fang.



 

La route de Umphang à Bangkok est longue, très longue, quatorze heures au total. Mais finalement après les routes de la vallée du Spiti parcourues en Inde, on a trouvé le chemin tout doux.

On n'a pas vérifié s'il y a avait bien les 1219 virages annoncés entre Umphang et Tak. Remarquez, ça nous aurait occupé.

Le retour à Bangkok, après un séjour aussi court soit-il dans la jungle, est un peu violent. La chaleur, le bruit, le monde, ça grouille de tout. Si la rue touristique et festive de Kho San Road nous avait amusée il y a deux mois, cela nous semble insupportable aujourd'hui, d'autant plus qu'il y a beaucoup plus de monde avec la haute saison qui débute. La bière coule à flot, certains touristes se croient beaux torse-nu en pleine ville arborant leur tatouages, les bouteilles sont posées sur les tables comme autant de trophées, on parle fort, on rie fort pour montrer combien on est cooooool. Alors on a rebaptisé la rue "Connards Road".

 

Le 5 décembre, fête nationale et jour férié, c'est l'anniversaire du Roi Bhumibol Adulyadej, 85 ans. Dans tout le pays et spécialement à Bangkok, les façades de maisons, les édifices publics et bureaux et les rues sont noyées de décorations lumineuses comme pour les fêtes de fin d'années en France.

Une profusion de photos du monarque sont partout, encore plus que d'habitude. Des nuées de poussins déferlent dans les rues : ce sont les thaïs qui portent tous des teeshirts jaunes en cette occasion.


Dans la journée, on peut assister à des films, des spectacles en plein air, de la danse et des concerts et surtout au très attendu discours du roi, lequel apparait rarement en public. Les chaînes de télé sont pendues à ses lèvres ainsi que des milliers de thaïs qui se massent sur son parcours jusqu'au palais, accroupis, mains jointes... Un véritable culte de la personnalité pour ce roi si populaire.

Il faut savoir qu'en Thaïlande, Le roi est aussi le chef de l'etat ! Et oui, il s'agit d'une monarchie constitutionnelle depuis 1932 dotée d'une forme démocratique de gouvernement. On sent qu'elle sert de force unificatrice pour le pays et est étroitement associée au sentiment national d’être thaïlandais. La longueur du règne de Bhumibol (depuis 1950, le plus ancien monarque en exercice du monde), son intérêt semble-t-il pour le développement des zones défavorisées du royaume et ses actions conciliatrices lors des conflits, expliquent cette dévotion, qui le place parmi les souverains les plus vénérés.

Des thaïs assis sur un camion nous font mine d'oter leur tee-shirts jaunes pour nous les offrir !

Affiche de l'anniversaire du roi
 

Ce qui nous frappe ce sont les effigies du roi très présentes dans les temples, quasiment au même niveau que les représentations de Bouddhas. En effet, le roi est littéralement considéré comme une sorte de demi dieu, incarnation vivante des vertus bouddhistes telles que la volonté de donner, le sacrifice pour le plus grand bien, la moralité, l’honnêteté, l’ouverture d’esprit, de diligence, la compassion, la persévérance et la droiture.

Pourtant les préceptes du bouddhisme semblent contraster avec les mondanités royales, le luxe, la loi du sang et... la censure... La précaution dans les débats publics est de mise et même dans les échanges privés puisqu'un SMS peut coûter 5 ans de prison ! (Et alors un blog...). Le nombre de personnes condamnées en vertu de la loi de lèse-majesté a beaucoup augmenté au cours des dernières années et surtout depuis le coup d’Etat de 2006. La mort de Ampon Tangnoppakul en prison en mai dernier, condamné pour de simples messages SMS a choqué une partie de l’opinion publique, et a relancé le débat sur la réforme de cette loi.

 

Pour la suite du voyage, on avait dans l'idée d'aller sur une île un peu inconnue au bataillon, près de la Birmanie : Koh Phayam. Mais le trajet est long et on ne sait pas trop ce qu'on va trouver la bas : des champs de cannabis ? une communauté de néo- baba cool ? Notre esprit d'aventure nous abandonne quelques instants, d'autant plus qu'on rentre dans 10 jours. Alors on part en terrain connu : Koh Chang !


Une bise à notre amie Noo qui porte son petit teeshirt jaune pour l'occasion, avant de filer à Koh Chang.

Avec Noo

 

Retourner à Koh Chang est vraiment facile avec un package bus + bateau. Le jour même à 17h, on est déjà dans l'eau à Lonely Beach. L'avantage maintenant, c'est qu'on sait ce qu'on aime à Koh Chang notamment ce gros coeur vert qui bât et ce qu'on n'aime pas.

On retrouve les éléphants qui ont été importés sur l'île récemment, le village de pêcheur qui n'en est plus un, l'eau turquoise chaude comme un bain, les planctons fluo qui brillent quand on nage la nuit, le sable blanc.

Après avoir côtoyés les japonais qui ont envahis Varanasi en Inde (il faut le voir pour le croire), les français râleurs au Laos, les israéliens prétentieux à Dharamshala, on retrouve les russes "vodka - bling bling" de Koh Chang. Et oui, ce sont de terribles clichés que j'ai honte de citer mais qu'est-ce qu'ils collent à la peau parfois !

Je marche sur Lonely Beach me souvenant de ce que j'y aie vu il y a 12 ans, je regarde la collection de strings (la mode semble courte en Russie), les parasols colorés et les buveurs de bière et quelques hippies qui se sont sans doute fait faire des dreadlocks à Bangkok mais aussi cette majestueuse jungle inchangée qui domine la plage et même toute l'île. Je repense aux gens que j'avais rencontré ou avec qui j'avais voyagé à l'époque, à qui j'étais moi-même à l'époque... Et je me dis que si je reviens encore dans seulement 12 ans, j'aurai déjà 50 ans. La vie est un voyage qui passe vite !

 

 

Koh Chang
 

 

 

 

 

 

 

 

 

samedi 15 décembre 2012

UMPHANG

29 novembre au 4 décembre : au vert !

Cascade Ti Lo Su
 
"La force brute, l'énergie pure de la nature,
Même sous l'eau le bambou fend, l'air s'étend et la terre s'ouvre." So

La suite du voyage nous amène à Umphang, un coin splendide mais qui nécessite un peu de motivation pour s'y rendre. D'abord, prendre un mini bus de Tak jusqu'à Mae Sot, à l'extrême ouest de la Thaïlande, à la frontière birmane. Puis de Mae Sot attendre patiemment un songtaew pour Umphang.

Province de Tak
De Tak à Umphang
 

Au départ, nous étions onze dans le taxi collectif, relativement confortablement installés.

Mais à mi-chemin, alors que je m'apprête à prendre en photo un énorme village accroché à la colline, des gens jaillissent littéralement du contrebas et se ruent sur le véhicule. Des pirates de la route ? Non, des villageois qui veulent monter dans le songtaew avec enfants et bagages. À bien y regarder, le village s'avère être un camp de réfugiés birmans et les nouveaux passagers des karens.

Nous voilà près d'une trentaine à bord et le véhicule peine sur la route qui monte. Le conducteur est furieux car des jeunes ont cassé la bordure du toit en grimpant précipitamment. Les coupables sont punis par la pluie dense qui se met a tomber et les mouillent jusqu'au os ainsi que les passagers accrochés à l'extérieur... et nos sacs...

À l'intérieur du véhicule, on papote, on mange, on dort... on vomi... Ambiance village.

 

À bord, deux femmes aux passeports birmans mais typées indiennes mâchent du bétel et jettent leurs pieds sur les colis, pointant de leur orteils une jeune femme thaï qui en semble fortement mécontente ...intérieurement. Ces deux dames ne savent sans doute pas qu'en Thaïlande, les pieds, considérés comme impurs ne doivent jamais être pointés vers quelqu'un (et encore moins vers Bouddha). De même, il est très impoli de toucher la tête de quelqu'un comme on le fait en tapotant affectueusement la tête d'un enfant qu'on trouve mignon... Et alors, imaginez, par extension, toucher la tête de quelqu'un avec ses pieds...

Le village roulant tangue pendant deux heures encore sur la route qui serpente et fini par s'arrêter devant la Umphang Guesthouse où nous abandonnons le navire. Le hasard fait bien les choses, le conducteur bienveillant nous a déposé aux portes d'un havre de paix, des chambres et bungalows intégralement en bois dans un écrin de verdure. Umphang est une toute petite localité peuplée de Karens essentiellement. Il n'y a pas de Seven Eleven, c'est vous dire.

 

Umphang House

 

Dès le lendemain, on part pour un drôle de périple de 3 jours style triathlon original : rafting, marche dans la jungle et équitation d'éléphant.

JOUR 1 : on est dans des gorges du Verdon junglesques à glisser sur l'étroite rivière avec deux guides, trois thaïlandais très rigolos et un jeune allemand qui découvre la vie et qui loupe toute la faune que le guide s'évertue à nous montrer : serpent, tortue, plantes... Si bien qu'à la fin, on lui fait croire qu'on a vu un crocodile. On a la chance de se détendre dans une source chaude qui nous rend tout groguis avant de continuer à glisser sur l'eau. Je me fond dans la peau de Cléopatra.

 

Rafting
Sur la rivière

 

Au bout de trois heures de descente de la rivière, les joyeux partenaires quittent le raft. Leur ballade à la journée s'arrête là et nous... on continue pour deux bonnes heures, seuls avec les deux guides. Puis on s'arrête sur une berge remplie de papillons et un des guides continue la descente seul dans le raft pendant qu'on va marcher environ quatre heures pour rejoindre le parc national. C'est le guide karen du nom de Tun qui reste avec nous et quand on le voit attacher un énorme couteau autour de sa taille, on se dit qu'on a peut être eu tort d'insister pour partir trois jours dans la jungle... En même temps, Tun est en tongue donc ça devrait aller ?

On a de la chance d'avoir rencontré Tun. Sans lui... on est mort. En plus d'être compétent et d'avoir une bonne dose d'humour, il voit tout, sent tout et ne se lasse pas de nous montrer tout un tas de trucs dans la forêt. Comme beaucoup de karens, Tun fume beaucoup. Le papier de ses cigarettes roulées est aussi épais que du parchemin. Comment il fait pour ne pas tousser ?

Arrivés au parc national, une tente nous attend, des sacs de couchages et... un peu de pluie le temps du dîner pour faire plaisir à la végétation luxuriante. Le meilleur moment est... Le réveil : en ouvrant les yeux, les bruits extérieurs rappellent qu'on est bien loin de la France. Quand on marche dans la jungle, on se croirait... Chez Nature et Découverte avec un CD d'ambiance !

 

Dans le parc national

 

JOUR 2 : baignade dans la cascade Ti Lo Su, la plus imposante qu'on ait jamais vu de notre vie au pied de laquelle on se sent tout petit. Avec ses sept étages, elle ne rentre même pas dans l'objectif ni en hauteur, ni en largeur. On monte presque jusqu'en haut en traversant certains bras dans a pied dans l'eau. On se baigne au milieu, là où le courant est moins fort.

En fin de matinée, on reprend la marche, comme chargés d'une nouvelle énergie, jusqu'au village Karen Ban Ko Tha. Le village est niché dans la verdure, comme posé au milieu de nulle part, tombé du ciel. Les conditions de vie sont spartiates. Vie d'un autre temps : des maisons en bois avec un système artisanal d'hydroélectricité et de récupération d'eau de la rivière. Les gosses jouent avec des pneus qu'ils poussent, parfois tombant, déséquilibrés par une roue plus grosse qu'eux. Ici, pas de sollicitation, pas de "hello money", pas de magasin. On pourrait dire qu'on nous ignore quasiment surtout qu'on essaye de se faire discret. A son simple passage, Louis effraye jusqu'aux larmes quelques petits enfants !

 

 

Dans la maison où on passe la nuit, une famille vit avec cinq enfants. Un coin moustiquaire est aménagé pour nous abriter. On cuisine avec Tun et on est étonné du délicieux dîner préparé avec si peu de choses.

Village Ban Ko Ta
Dur à couper la citrouille

 

Le soir, une heure d'électricité et c'est l'extinction des feux. Tout le monde part se coucher et on discute encore un peu avec Tun autour d'une bouteille de niolle locale, des lianes infusées dans du wisky. Un bon médicament nous dit-il. En tous les cas, après ça, Louis n'a plus mal au ventre et le ciel est plus qu'étoilé, il scintille...

 

JOUR 3 : tout le village se reveille et nous avec, aux sons de la voix des voisins, du chant des coqs et autres oiseaux, vaches, cochons, chats, chiens... Dès six heure du matin, les enfants préparent un gros chaudron. Ce n'est pas un bain aux herbes mais de la nourriture pour les cochons. Ensuite, les trois gosses se collent devant un dessin animé avnt d'aller à l'école. Trois, cinq, dix enfants passent petit à petit la tête à la porte de la maison. Un peu intimidés par notre présence, l'attraction de la télé sera trop forte pour les faire renoncer à s'asseoir dans la pièce.

 

Cherchez l'intrus

 

On quitte le village au son des enfants qui récitent en cœur dans l'école. Et détail qui a son importance : on part en... éléphant !

Mais ce ne sont pas les Champs Elysées : le chemin est abrupte à la montée comme à la descente et on est impressionné par la dextérité de l'éléphant qui, doucement mais sûrement, progresse dans cette environnement hostile pour nous. Par moment, le pachyderme est quasiment à genoux et effectue des glissades contrôlées dans la bouillasse avec deux gugusses et son makrut (son pilote) sur le dos ! On mesure la difficulté, car à pied dans la jungle, nos glissades à nous ne sont pas contrôlées.

Assis sur la nacelle qui tangue au dessus du vide on s'accroche et on ferme la bouche pour cause de toile d'araignées gigantesques ! Et qui dit toiles d'araignées gigantesques... dit grosse bébête qui va avec.

Prenant la place du jockey quelques longues minutes, assis à califourchon sur le cou, on sent la peau épaisse de l'éléphant qui bouge sous soi et qui vous serre les mollets avec ses oreilles. Il pourrait bien nous envoyer un peu d'eau avec sa trompe, juste pour rigoler. L'éléphant est joueur...

Le super éléphant met quatre heures à rejoindre la rivière et on est bien triste de quitter ce bel animal. Un petit coup de voiture, ça va beaucoup plus vite et nous voilà de retour en ville. On est complètement zen, comme après dix jours de méditation...

Dire qu'après c'est Bangkok qui nous attend ! Autre lieu, autre jungle.

 

 

Dans la forêt de bambous
 

Avec Tun admirant la cascade Ti Lo Su
 

Avec Tun devant Ti Lo Su
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Umphang
 

Camp de réfugiés birmans