dimanche 9 décembre 2012

TAK

27 et 28 Novembre 2012 : Loy Krathong




"L'eau coule sur la terre en continu sans que nul puisse l'arrêter
Se frayant un chemin serpentant jusqu'à l'unité
Montant au ciel comme une prière, elle s'est évaporée
Elle retombera plus tard sous le grondement de ses êtres adorés.
Lumière vacillante, étoile terrestre brillant sur les flots
Accompagnant les eaux dans son voyage, lui chuchotant des mots.
Nous sommes redevable de son existence
Coupable de sa consistance
Un jour peu être nous paierons de notre négligence .'' Léon Fraie


 




 

Alors Tak... Comment vous dire, c'est pourtant sur la carte mais personne n'en parle. On ne trouve aucune info dans les guides de voyage ni même sur Internet où il est question de la province de Tak mais pas de la ville de Tak. On ne sait même pas s'il y a un hôtel ici mais on a envie de tenter l'expérience car on a à coeur d'assister à la fête des lumières appelée Loy Krathong. On a peur de la popularité de cette fête à Chiang Mai (foule et côté commercial qui en découle) donc Tak est parfaite.

Rappel itinéraire depuis Nong Khai

 

À la gare routière d'arrivée, on se dirige vers un comptoir pour touristes mais le guichetier ne parle pas anglais du tout, du tout. Alors on saute dans un moto-touk-touk de Tak. Et oui, après les mini-estafettes-touk-touk de Phitsanulok, ici ce sont des sortes de motos avec passagers à l'arrière. Le conducteur a compris qu'on cherchait un lieu pour dormir (le langage des mains ça marche presque toujours) et nous dépose dans un hôtel rétro à souhait le Sanguanthai, un ancien hôtel "classe" qui donne une impression de luxe évanoui avec son petit bouton dans la chambre pour appeler le groom. Et ce bruit ? C'est une locomotive qui démarre ? Non, non, juste la clim.

Oreillers du Sanguanthai
 

La ville et sa rue principale ne sont pas très jolies aux premier abords (plutôt genre beton période Le Corbusier) mais attachante avec la large rivière Ping qui coule, les petites rues calmes et les vieilles devantures dans les rues transversales. Et dès notre arrivée, on sent que la fête des lumières se prépare...

 

On allume les krathongs

 

La fête des lumières ? Il s'agit d'une fête qui a lieu au soir de la pleine lune du 12e mois lunaire pour célébrer la fin de la saison des pluies et honorer les esprits de l'eau, qui jouent un rôle significatif dans la vie du pays.

Les gens fabriquent des Krathong, de minuscules bateaux de feuilles de bananier, dont la forme évoque la fleur de lotus et qui contiennent une bougie allumée, de l’encens et des fleurs. Ils déposent ces petites embarcations sur les rivières pour exorciser leurs fautes, faire des vœux et/ou faire une offrande aux esprits des eaux. Tous le monde s'y met, même les écoles et collèges qui confectionnent de véritables radeaux - gâteaux en fleurs et feuilles pliées à la main. Cela donne même lieu à des concours des plus beaux Krathongs. Certains ressemblent à des chedis qui peuvent dépasser la taille d'un adulte.

Zoom sur un Krathong géant
 

Krathong géant
 

Les thaïs chassent aussi les soucis du quotidien et s'acquierent des merites en lâchant dans le ciel des lanternes dites célestes appelées Yi Peng. Il s'agit de lampes toutes fines, la plupart du temps en papier de riz, a la base desquelles on allume une mèche dont la chaleur va permettre à la lampe de s'envoler. Dans le ciel de Thaïlande, il y a les étoiles et celles qu'on y installe.

 

 

Au final, cours d'eau et ciel de Thaïlande sont tous les deux noyés de lumières, les unes flottantes, les autres volantes !

À Tak, c'est exactement ce qui se passe le jour J. La ville se pare de sa robe de paillettes : des milliers de petites lampes sont délicatement posées sur l'eau depuis les berges et depuis une immense barge flottante sur laquelles ont lieu des cérémonies et spectacles musicaux. Ping ressemble à une rivière de feu qui serpente lentement. C'est la descente au flambeau de la rivière.


 

Le ciel lui aussi se transforme en une mer de lumière : en groupe, en famille, en amoureux, on laisse s'envoler des lampes de papier de riz pendant que le pont qui enjambent la rivière Ping change de couleur et que les néons colorés crachent tout ce qu'ils peuvent de lumière (il y a même le portrait du roi en lumière).

Dans la joie !
 
 
 

Bref, une débauche de lumière qui ravie les thaïs qui ont encore plus le sourire que d'habitude et quelques touristes qui se comptent sur les doigts de la main.



Tanpis si les lampes atterrissent au milieu de la foule, finissent leur course dans les arbres ou viennent flirter avec les fils électriques... Tout le monde reste calme. On se demande ce qui arriverait si on laissait une de ces lampes s'envoler depuis un toit parisien, sans doute aurions-nous les flics aux fesses !

Vers le court circuit



En tous les cas, c'est au moins la vingtième lampes qu'on fait décoller nous-même. On en est arrivé à aider des thaïlandais... des novices.

Pendant ce temps, sous les décorations en néons colorés, une procession de thaïs en costumes traditionnels danse dans la rue. Des stands à n'en plus finir comme à Phitsanulok s'étirent le long de la riviere Ping : lampes en papier, krathongs, nourriture, jus fraise et bien entendu insectes et aussi d'étranges parts de pizza sous cellophane...

Larves grillées



Et comme souvent des stands de DVD passent en boucle des images choc, cataclysme, corps de touriste séchoués sur la plage pendant le tsunami, passage à tabac... Ha le goût des thaïs pour ces images violentes. Le responsable du stand est obligé de faire sonner un gong pour renouveler les passants qui restent littéralement scotchés à l'écran. En face, les vendeuses du stand de fraises se cachent les yeux devant tant d'horreurs tout en gloussant pour cacher leur gêne.

Bien sûr, on ne peut pas louper les habituelles animaleries, cette fois-ci ce sont... on vous le donne en quatre... des bébés lapins nains qui sont affublés de petites robes !

 

Un peu plus loin, une scène avec du rock thaïlandais et des claudettes en culottes qui se trémoussent (on ne peut pas dire que ce soit danser). Après toutes ces célébrations pour les esprits de l'eau, un énorme orage éclate et met fin à la fête sous un déluge d'eau comme si le ciel rendait les lumières qui lui ont été envoyées. Qui dit que c'est la fin de la saison des pluies ?

 

A l'abri dans un petit boui boui, on mange une petite soupe bizarre avec des morceaux de poulet certes mais aussi des morceaux gélatineux comme du carré de sang... Quand on tente des trucs, on n'a pas QUE des bonnes surprises.

 

En dehors de la ville, il existe un temple Wat Rhao Tham sur une colline... Pour y aller, recourir à un moto-touk-touk est nécessaire car à Tak... Aucun vélo ou scooter à louer.

Wat Rhao Tham

 

Entourés ou même tapis sous de gros rochers, des bouddhas semblent nous attendre. Au sommet, on rencontre le gros bouddha de la prospérité fier de son gros ventre. Autour du monastère, dans la forêt, on gambade sur une allée bordee de Bouddhas, les Champs Elysées des bouddhas ! Chacun trône sur un socle qui pourrait être une tombe...

Wat Rhao Tham

 

Wat Rhao Tham

 

Wat Rhao Tham

Alors qu'on est entré dans le temple, un moine vient vers nous. Il nous tend deux amulettes. Décidément, on est chanceux. Il ne s'encombre pas de convenance excessive et me dépose même la figurine directement dans la main. Alors...surprise...il ne s'agit nullement d'une représentation de Bouddhas mais d'une figurine du roi Taksin... Cet ancien roi de la province de Tak est vénéré comme un Dieux. Des bus à deux étages déversent des touristes thaïs venus spécialement jusqu'à Tak faire des offrandes et se recueillir devant la statue de Taksin...

Par extension, on ne rappellera jamais combien la famille royale est une figure importante en Thaïlande... Des représentations du roi et de la reine sont absolument PARTOUT. Surtout des photos officielles ou bien des scènes de vie qui pourraient être tout droit sorties de "Point du vue, image du Monde". Critiquer ces grandes figures est éminemment... décommandé.

 

L'attachement à la monarchie se traduit jusque dans la declinaison des couleurs du drapeau thaïlandais qui symbolisent le patriotisme et la solidarité (rouge), la pureté du peuple protégé par sa religion (blanc) et la monarchie (bleu).


Le resserrement autour d'un roi s'explique en partie par le fait que ce souverain a su protéger son pays de la colonisation en son temps. Et oui... La Thaïlande, la terre des thaïs, ou terre de l'homme libre a séduit les français sous Louis 14. Ce dernier a eu la prétention de coloniser le pays mais cela s'est soldé par un fiasco. Le mot "farang" qui signifie "étranger" daterait de cette époque quand on parlait des français : farang set !

Quand on dit qu'on est "farang set", les thaïs répètent ici plusieurs fois ce mot et l'accompagne d'un drôle de rire. C'est un peu inquiétant quand ce rire est celui du barbier qui approche sa lame aiguisée de la gorge de Louis...

Farang set ?!
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hamburger thaïlandais
 

 

 

Magasin de papis
 

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