Alors l’arrivée a Omkareshwar est tres differente de celle d'Indore : C'est juste le grand plongeon en Inde.
Cette petite ile en forme de "OM" est une ville sainte du Madhya Pradesh, située sur le fleuve Narmada.
La Syllabe Sacrée " OM" symbolise le Son primordial, le son originel de toute création dans l'univers et en soi.
Quelque chose d'assez etrange pour nous mais de primordial en Inde.
Donc a l’arrivée, un monde fou et je me suis meme dit dans mon fort interieur : pourvu que ce ne soit pas la ! Et bien si bc'est la et il va falloir descendre ma bonne dame sous réserve de ne plus pouvoir descendre du tout car des passagers s'engagent dans le bus pour repartir dans l'autre sens.
Mais finalement tout se passe bien, je prend le temps de m'asseoir et de boire un chai sous une paillote histoire de decourager quelques eventuels rabatteurs mais le terrain a l'air libre (c'est ma technique en voyage).
J'essaye de demander ma route, tout le monde s'en mêle mais personne ne parle anglais donc c'est un drole de dialogue de sourd. Je suis touchee par l'eternelle debauche d’énergie utilisée pour se comprendre quand aucun des interlocuteurs ne parle la meme langue.
Etant donne qu'il n'y a quaiment qu'une rue, cela s’avère facile de trouver le pont et d'aller sur l'ile. Je trouve une guesthouse dans un dédale de ruelles et d'escaliers. A vrai dire, cela me fait penser a un mélange de médina marocaine, de Grèce et de village nepalais.
Alors que je me ballade dans les ruelles de cette ville sainte, lieu de pelerinage, je m'appercois vite que je crée l'animation et pour cause : ici des milliers de pelerins arrivent de toutes parts, des villes comme des campagnes, certains ont sans doute eu très peu d'occasion de rencontrer des occidentaux. Je suis aussi étranges pour eux qu'ils le sont pour moi.
La principale difficulte réside dans la traversée du pont qui relie l'ile a l'autre berge. En effet, sur ce pont se trouvent plusieurs photographes avec de petites imprimantes permettant de repartir avec sa photo en main. Et cela fait litterallement fureur ! Quelle lien avec moi ? Et bien tout le monde veut etre en photo avec moi !! Je fais monter les ventes et deviens l'attraction malgré moi. Et le must des must, c'est de prêter mes lunettes de soleil pour la photo...(et de tenter de les récupérer après !)
Je rencontre a cette occasion un couple charmant qui m'offre même la photo qu'on vient de faire. Madame porte mes lunettes de soleil !
Je me prête au jeu, vu toutes les photos que je fais des gens ! Je leur doit bien ca...
L’intérêt d’être au coeur de ce lieu de pèlerinage réside dans cette mozaique de couleurs, de tenues vestimentaires. Une valse de turbans du Rajasthan, de jupes du Gujarat...
L'autre intérêt est d’être témoin de cette ferveur qui ne peut que vous toucher même si les temples et les divinités vous laissent de marbre.
Couchers de soleil sur les ghats (marches qui recouvrent les rives des cours d'eau ou les berges des bassins et ou les pèlerins se purifient)... Omkareshwar est considéré comme le petit Benares a juste titre.
Voyager seule a Omkareshwar, vous l'avez compris, c'est ne JAMAIS être seule. Même sans pouvoir réellement échanger, des vieilles femmes viennent s'asseoir toutes collées a moi. Petite anecdote : j'avais croise 1 touriste dans la rue et quelle ne fut pas ma suprise de le retrouver assis sur MA terrasse (en voyage comme on n'a pas de vrai "chez soi", on developpe un sens exacerbe de la propriete privée et on s'approprie le moindre recoin). Donc ce monsieur installe sur MA terrasse a ete invite par la famille pour diner et moi aussi ! Mais au lieu de manger en famille comme on l'imaginait, ils nous ont quasiment installe aux chandelles sur la terrasse ! On s'amuse de cette situation et on les soupconne d'avoir voulu provoquer les evenements pour que ni l'un ni l'autre, ne restions des pauvres touristes esseulés... Comme en Afrique, etre seul represente une veritable calamite !
J'ai donc diner avec un hollandais de mon age cuisinier voyageant 2 ans en moto !
L'ile est étonnante : d'un cote effervescence, bruit, chants, temples et maisons "en dur" etc et de l'autre cote, cote campagne, le silence et ses petites cases en bois accrochées a la montagne, on n'y frappe pas, ceux qui vivent la ont jetes la cle...lalalala
Il y a tout un circuit qu'on peut suivre et je me retrouve un peu hasard sur ce chemin des représentations divines qui vont de l'infiniment grand au plus modeste : du Shiva gigantesque au petit cailloux peint... Chacun y trouve son compte.
Je réalise au bout d'un certain temps que ne sachant lire les panneaux en Hindi, j'ai pris le circuit a l'envers, c'est la raison pour laquelle je croise tant de monde... dans l'autre sens ! J’espère ne pas déclencher la foudre des dieux !
On croise sur le chemin de nombreux babas et saddhus, pour faire simple des ascètes ou moines. Les saddhus semblant être le plus haut niveau de renoncement a la vie matérielle et relationnelle (pas de famille, d'enfants...). A un moment, je croise 3 babas dont l'un me touche la tête et prononcent des mots qui me sont incompréhensibles. Tout ce que je sais c'est qu'il parle très fort, me saisi le bras fermement pour que je touche son corp. Etant donne qu'il est a moitie nu, je sens vite que "toucher son corp" ne va pas être de mon gout et je n'aime pas sa façon d’être si directif.
A la façon Kung Fu, je dégage un peu brusquement mon poignet et lance quelques éclairs du regard. Je continu mon chemin d'un pas décidé.
Un peu plus loin, je trouve du réconfort auprès d'une vendeuse de pois chiche avec qui je m'assoie et qui parle anglais. J'abandonne un épis de mais grille a un singe qui s'approche. Ne jamais contrarier un singe sous peine de morsure imminente ! Ce sera ma donation a Hanuman, Dieu en forme de singe :
Sur le marche, très rapidement je retrouve des visages familiers comme le vendeur de samoussas et de Chai a l'angle, le jeune du petit bazar ou j’achète bougies, anti-moustique et shampoing. Parfois de simples achats-alibis pour provoquer un échange. La famille de la guesthouse aussi est adorable et irradie de bonheur. Un couple et ses 5 enfants. Manu le père qui est tailleur n'a qu'un seul rêve : visiter chaque ville sainte de l'Inde. Quand je lui demande si les "babas' sont tous des "hommes bons" sans pour autant lui relater ma mésaventure de l’après-midi, il me répond ceci : " il n'y a pas de bon ou de mauvais babas, chacun trouve le guide qui lui convient". En d'autre terme, choisi bien ton baba.
Prochaine ville que je vais visiter ne sera finalement ni Maheshwar, ni Mandu mais UJJAIN, ville sacrée. Manu rêve de s'y rendre un jour et je suis un peu gênée de réaliser avec quelle facilite je vais pouvoir y aller alors qu'il lui faudra peut-être attendre des années pour effectuer son pèlerinage.
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