mardi 30 octobre 2012

KI

"Perdu dans l'immensité, perché sur un monticule de fidélité 
Non moins ridicule qu'un château de cartes qui tient pour l'éternité 
On l'atteint pour la félicité" L.F

Pour quitter Lallung autrement qu'a pied, il faut sauter dans LA jeep qui quitte le village au petit matin. Alors, vous êtes assis entre papotages et rires de femmes, bourdonnement du " mane padmi hung " comme mêlé à la respiration, une danse synchronisée du bouddha avec le xvii Karmapa et le XIV dalaï lama dont les images sont accrochées au rétroviseur intérieur tel un bouquet d'amulettes...
On part avec un sourire aux lèvres en repensant notamment à la facon qu'a Lama Tenzin de pencher la tête en demandant "hello ?" d'un air interloqué quand il ne comprend pas une phrase en anglais.
Et le paysage défile plus vite qu'à pied : on avale les kilomètres sur la route qui serpente jusqu'à crever un pneu dans une dernière épingle à cheveux.

De retour à kaza, la bourgade qui semblait si modeste lors du premier passage semble maintenant une grande ville avec toutes ses échoppes ! Question de référentiel.

On ne pourrait quitter la vallée sans une visite au fameux monastère de KI, perché sur un piton rocheux. On a déjà pu le voir jaillir fièrement dans le paysage à l'aller et depuis je rêve de visiter ce monastère qui semble tombé du ciel au milieu de ce désert de roche.

Il est possible de dormir sur place au cœur de ce bijou. Une atmosphère calme, douce et sereine dans ce paysage austère. Pourtant, on devine la dureté de la vie et combien moines et habitants de toute la vallée sont coupés du monde pendant les mois d'hivers glacial.
L'hivers approche justement et on a l'impression, chaque matin, que les sommets des hautes montagnes sont un peu plus saupoudrés de blanc que la veille.
Les moines en cette période de vacance retournent dans leur famille avant de rejoindre leur monastère ou ils resteront durant tout l'hivers.
Dans une dizaine de jours, le 15 octobre, a cause des intempéries, les bus ne circuleront plus entre Manali et Kaza.

On se laisse à rêvasser tout à coup : qu'arriverait-il si on loupait le dernier bus de la saison ?

Bref, en attendant, un vieux moine qui semble faire partie des murs fait brûler de l'encens, enlève ses chaussures et entre dans la pièce où se trouve un moulin à prière géant qui occupe tout l'espace. Le moulin tourne tourne tourne, il nous fait signe de le faire tourner de plus belle. Il a du en fait s'envoler des prières ce vieux monsieur. Et il fera tourner le moulin jusqu'à ce que ses os ne lui remettent plus !

Être la, assis, observer les oiseaux qui volent autour des bâtiments, observer la vallée et les tourbillons de sable soulevés par le vent dans le lit du spiti, contempler la vie du monastère rythmée par le tintement de la cloche que le moulin a prière déclenche à chaque fois qu'il tourne.
Certains voyageurs vous diront qu'il n'y a rien à voir ici tout comme à Tabo. ! C'est pour ça qu'il est difficile de recommander des destinations. À chacun sa sensibilité.

À Kaza, il nous faut prendre des billets de bus. Le guichet ouvre à 17h et les places sont chères en cette fin de saison. Il vaut donc mieux faire la queue bien à l'avance tout comme des dizaines d'habitants qui souhaitent partir le lendemain...
Il faut jouer des coudes mais dans ce cas j'ai un avantage : j'improvisé une file d'attente pour femme avec une habitante en grimpant sur un banc.
Cela a beaucoup amusé Louis de me voir perchée sur ce banc, collée a la grille du guichet avec la ma main tendue à travers les barreaux pour batailler deux billets.
Le lendemain il nous faudra être à la gare routière à 4h30 du matin pour être sûrs de monter dans le bus.

Nous voilà donc partis pour 12h de route vers Manali, le paysage défile dans l'autre sens et on a assez d'essence. Re-tour du stoupa de kunsung, encore plus beau cette fois-ci sans le mal de l'altitude !
Le temps se gâte juste derrière nous comme une tempête à nos trousses, pour nous conforter dans notre départ.
La nature est tellement puissante et austère dans ces endroits qu'on peut avoir l'impression que c'est elle qui décide de vous accepter ou pas sur ses terres !





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