jeudi 1 novembre 2012

DELHI Le retour

Retour à Delhi directement depuis Kaza : 12 heures de bus de jour jusqu'à Manali puis 12 heures de bus de nuit jusqu'à Delhi ! Si si c'est faisable et je n'ai jamais aussi bien dormi que sur le siege du bus !

Arrivée à Delhi, direction hôtel Down Town dans le quartier de  Pahar Gang qu'on rejoint en métro depuis la gare routière. 

On profite de quelques jours pour voir la Mosquée Jama Masjid, dite aussi grande mosquee de Shahjahânabâd, orgueil de l'architecture Moghole et plus grande du pays (elle peut accueillir 25000 fidèles !). Lieu certes spirituel mais aussi lieu de vie : des familles entières viennent s'asseoir sur le parvis. Le calme surprend quand on arrive du marché de Chandni chowk, voisin de la mosquée et artère dans laquelle bat le pouls de Old Delhi.
Il y a 12 ans, je me souviens avoir eu des soucis avec des enfants qui me jetaient du sable et faisaient des gestes obscènes quand j'étais passée. Ca me semble d'un autre temps mais l'effervescence reste fidèle à elle-même dans les ruelles bordées de bazards débordants de vie grouillante. 

Le soir, on cherche la Mosquée Chiite qu'on a du mal à trouver : elle se cache parmi des ruelles plus qu'étroites et labyrinthiques, là encore une vraie médina, notons d'ailleurs que le quartier chiite est mêlé à un quartier Sunite. Ça se bouscule, ça se serre, on couvre sa tête, on enlève ses chaussures dans une fervente cohue. Des centaines de personnes se pressent pour entrer ou sont déjà à l'intérieur. C'est la Grande prière du jeudi soir.... qui sera suivie par des chants soufis. L'ambiance est à la fois exaltée, avec des personnes qui crient ou gémissent derrière des moucharabié, et festive... en bref très intense. Seule alternative : s'asseoir et observer cette ruche.

Ne pas hésiter à s'aventurer jusqu'au tombeau d'Humayun, un bijou d'architecture Moghol de gres rouge et marbre blanc qui aurait inspiré le Taj Mahal. Ballade romantique au creu des jardins de style persan où des couples se balladent main dans la main avec les écureuils. Une fois encore, un havre de paix au milieu de l'effervescence de Delhi. 

Rappelons que Delhi n'est pas de tradition hindoue, ici pas de ghats ni de temples sacrés. Une succession de conquérants turcs et Afghans y imprimèrent plutôt un caractère musulman.
Enfin, nous avons une autre mission à remplir : Louis a en sa possession, depuis plus de 10 ans, une statuette de bouddha qu'il a toujours sur lui mais celui n'a jamais été "activé" : sur les conseils de Lama Palden de Dankar, il faut peindre ses yeux comme pour les lui ouvrir mais aussi le remplir de différents éléments avant fermer avec petite plaque de cuivre. Alors seulement, la statuette sera prête pour une Puja, une cérémonie...
Ceux qui pourront effectuer cette opération sont des tibétains... qu'il nous faut trouver à Delhi dans le quartier des réfugiés. Ce quartier est un peu excentré mais on fini par trouver. Le cadre entre voie rapide aérienne et quartier de distribution de repas au plus démunis indiens (par les tibétains), on est bien loin du toit des montagnes. Pourtant, on retrouve dans un marché ces visages et sourires propres aux tibétains. Le monastère ou nous sommes parvenus confirme que nous sommes sur la bonne voie. On interpelle un moine à propos de notre affaire. Il nous indique un temple un peu plus loin où on rencontre un moine seul. Il est tard, il fait déjà nuit mais voilà le moine qui ausculte notre statuette et nous fait signe de le suivre à l'étage ou on rencontre un troisième moine fort sympathique. Ce dernier a des lunettes mais les branches sont cassées, si bien qu'on se demande comment elles tiennent comme par magie sur son nez...à la manière d'un monocle. Dans la pièce, un capharnaüm de sacs d'amulettes, statues de Bouddha, plaques de cuivre, outils, petits rouleaux de mantras enroulés dans du fil et dont on rempli les statuettes... Pas de doute, on est au bon endroit, dans le temple de la préparation des statues ! Nos deux moines s'affairent autour de la notre. La difficulté ? L'objet en question est petit et les moines semblent avoir l'habitude de travailler sur de plus imposantes statues. Les lunettes monocles serviront plus que jamais pour finaliser la fermeture avec la plaque de cuivre puis revêtir le tout d'un tissu rouge et velouté. Pas de peinture sur les yeux mais la statue, à la façon d'une mariée qu'on apprête, peut désormais recevoir la bénédiction du moine : posée devant lui sur le sommet d'une bouteille d'eau, elle semble, d'un sourire impassible, recevoir les mantras récités par le moine, et nous aussi comme des enfants sages. Le dialogue Bouddha-moine se termine quand celui-ci appose la statuette sur sa tête, geste d'usage en présence d'une représentation de Bouddha. Une petite donation dans la boite prévue à cet effet dans le temple et nous voilà repartis avec l'impression du "devoir accompli" mais surtout encore émus par ce moment pittoresque partagé avec les moines. Ce soir la statuette rayonnera de milles feux sur son étagère.


Enfin, ne pas oublier de prendre le métro, moderne, propre presque aseptisé avec des contrôles vigie pirate à chaque angle. Des lignes très disciplinées s'organisent sur le quai...on pourrait se croire au Japon. Puis le métro arrive, les portes s'ouvrent et là...oubliée toute discipline, chacun se rue dans le wagon devant lui en poussant, une précipitation impressionnante... Pas de doute, nous sommes bien en Inde. Seuls wagons épargnés : ceux réservés aux femmes,"Women only", que je teste avec plaisir. Je vois Louis écrasé et baignant dans des effluves de sueur pendant que je suis gentillement assise dans une atmosphère de poupées parfumées !! Il me regarde avec envie a 3m de là dans le wagon voisin. Notons que les hommes respectent consciencieusement la zone et seuls leurs regards se posent dans les wagons "Women only"

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